Résumé
Il est aujourd’hui avéré que l’implication de la langue africaine de l’apprenant optimise l’efficacité globale des systèmes éducatifs, constituant de ce fait une contribution importante au développement social et économique du continent. Le présent colloque se propose de prolonger une réflexion déjà ancienne mais il entend également engager chercheurs et praticiens à questionner, dans une perspective innovante, l’articulation de la problématique de la fonctionnalité des langues africaines avec les réalités du monde du travail et du marché de l’emploi. Sur le plan scientifique, le colloque « Penser les pratiques, l’apprentissage et l’enseignement des langues et cultures africaines face au marché de l’emploi. Contributions pour un développement socioéconomique durable » s’inscrit dans le champ de la linguistique du développement.
Argumentaire
L’année 2021 a été celle de la création de l’Observatoire du plurilinguisme africain (OPA) à l’initiative de l’Université Assane Seck de Ziguinchor au Sénégal. L’OPA est une association scientifique internationale dont l’objectif est de contribuer à l’introduction des langues africaines dans les systèmes éducatifs des pays d’Afrique francophone. Dès 1953, dans le Rapport d’experts sur l’Emploi des langues vernaculaires[1] dans l’éducation, l’UNESCO, tout en soulignant les difficultés inhérentes à l’introduction de ces langues comme langues de scolarisation, insistait bien moins sur les obstacles proprement linguistiques ou didactiques d’une telle entreprise que sur les entraves d’ordre social et politique. Parce qu’ils veulent réaffirmer cette position, les membres de l’OPA adoptent une posture épistémologique dont l’originalité tient entre autres à l’articulation intime de ces différents ordres de faits. Les convergences entre langue et économie notamment, ont fait l’objet d’un certain nombre de travaux de référence (Bourdieu, 1977 ; Grin, 2011 et 2017). Le premier colloque de l’OPA est ainsi l’occasion de revenir sur les processus complexes liés à la conception et à la mise en œuvre de politiques publiques reposant sur et soutenant réellement le plurilinguisme et les langues africaines. Il s’inscrit donc, au moins en partie, dans une dynamique résolument prospective.
La problématique du plurilinguisme en Afrique, mais également au sein d’espaces naguère réputés monolingues, a été propulsée sur le devant de la scène par des facteurs tels que la reconfiguration des équilibres géopolitiques mondiaux, l’amplification des mouvements migratoires, l’essor des technologies de l’information et de la communication. Depuis des décennies, une multitude de recherches (Bearth & Fan, 2002 ; Tourneux, 2008 ; Ouane & Glanz, 2010 ; Brock-Utne & Mercer, 2014 ; Leconte, 2014 ; Auzanneau et al., 2016 ; Metangmo-Tatou 2019) ainsi que des organisations internationales d’envergure (Banque mondiale, CONFEMEN, UNESCO, etc.) ont rendu caduque la vision strictement technocratique des agrégats économiques en affirmant sans équivoque l’importance de la valorisation du capital humain dans le processus du développement durable. Elles ont souligné le gain non seulement cognitif mais aussi éducatif et donc économique de l’introduction des langues familières aux côtés des langues officielles européennes pour une scolarisation plus juste et plus efficiente. Pourtant, la pertinence des arguments avancés n’a pas instantanément eu raison de l’ancienne prédilection pour les modèles éducatifs monolingues. Les politiques linguistiques centralisatrices d’un jacobinisme systémique ont laissé des traces profondes dans les modes de gestion des répertoires linguistiques et dans les imaginaires collectifs comme autant d’entraves au développement durable.
Si l’on observe avec Daouaga (2018) que la cause de l’éducation biplurilingue est désormais entendue au niveau institutionnel pour certains ordres d’enseignement (éducation de base et secondaire), elle l’est cependant avec des fortunes très diverses puisqu’aujourd’hui, sur le continent africain, un enfant sur cinq seulement est scolarisé dans une langue qui lui est familière (UNESCO, ADEA, Union africaine, 2022). En outre, des programmes de formation diversifiés et adaptés aux contextes multilingues et mettant en valeur les compétences linguistiques et communicationnelles existantes tardent à voir le jour (Oueba et Glanz 2010). De tels programmes induiraient pourtant des niches d’emplois tout à fait appréciables (ODD 8)[1]. Il faut le reconnaître, l’enseignement biplurilingue inaugure per se une ère nouvelle mais force est de constater que sa justification a encore du mal à s’enraciner profondément dans les sociétés concernées et a fortiori dans les politiques publiques. Cela est d’autant plus vrai que les compétences linguistiques éventuellement capitalisées n’apportent que trop rarement une plus-value économique et/ou socialement reconnue dans l’exercice d’une profession ou dans l’évolution d’une carrière. La corrélation entre le plurilinguisme et la réalité socioéconomique ne tombe en effet pas immédiatement sous le sens et les recherches dans ce domaine concernant l’Afrique francophone subsaharienne sont encore trop rares. C’est ce lien entre l’économique et le social d’une part et la gestion des langues d’autre part qui constitue l’un des principaux axes névralgiques de ce qu’il est désormais convenu d’appeler la linguistique du/pour le développement (Métangmo-Tatou, 2003 ; Métangmo-Tatou, 2019 ; Agresti, 2021 ; Zouogbo (dir.), 2022).
La persistance d’une idéologie diglossique en Afrique subsaharienne s’explique aussi, dans de nombreux contextes, par l’application d’une réforme importante du système éducatif sans une phase d’information et de sensibilisation préalable de la cible (Tabi Manga, 2000). C’est pourquoi nous considérons qu’un travail sur les représentations s’impose pour véritablement ancrer le paramètre de l’inclusivité dans les habitudes psychosociales, non seulement pour l’éducation scolaire (Prax-Dubois, 2020), mais également dans le champ de la formation professionnelle (Tourneux et Métangmo-Tatou, 2010 ; Amédégnato, 2014 ; Métangmo-Tatou, 2019). Le premier colloque de l’OPA devrait jouer un rôle inédit dans cette direction.
Ce colloque se propose ainsi d’élargir le champ de la réflexion et de l’intervention au-delà de la sphère scolaire en prenant en compte les pratiques et politiques publiques dans les domaines de l’insertion, de l’emploi et de la formation (Ans et al., 1992 ; Chaudenson & Slodzian, 1994 ; Georgescu & Stabback, 2008 ; Dhorsan & Moreno Chachuaio, 2008 ; Silué, 2018 ; Leconte & Troncy, 2021). Il s’agit d’en documenter la relation - possiblement à double sens - avec les langues africaines. Cette problématique ne manquera pas de soulever chez certains l’une des objections habituellement formulées pour disqualifier le recours aux langues africaines pour la formulation des discours spécialisés : l’incapacité supposée de ces langues à exprimer des realia scientifiques et techniques. A cet égard, les recherches s’inscrivant dans une approche terminologique apparaissent comme essentielles et véritablement déterminantes (Diki-Kidiri, 2008 ; Frath et Sow, 2022 ; Mouzou, 2022) dans un contexte où les dispositifs de formation professionnelle demeurent largement marqués par le monolithisme linguistique. Les communicateurs, interprètes, personnels de santé comme les enseignants, pour ne citer que ces spécialistes, reçoivent une formation qui les prépare à interagir exclusivement avec des publics francophones, ce qui laisse libre cours, en contexte allophone, à une propension dommageable à l’improvisation. Ces professionnels disposent pourtant, a priori, et dans leur grande majorité, d’un capital linguistique et culturel endogène, qui, dûment renforcé et encadré, leur permettrait de potentialiser leur pratique professionnelle. L’ensemble du corps social pourrait alors bénéficier de profils bi-compétents, formés idéalement dans une perspective interculturelle.
Le fait est que la vision uniquement synchronique - car profane - que nous avons des langues que nous côtoyons - notamment de ces langues aujourd’hui vectrices privilégiées de contenus spécialisés (français, anglais, etc.) - ne nous permet pas toujours de percevoir que ces mêmes langues ne sont devenues véritablement fonctionnelles que grâce à des dynamiques sociales et à différents types d’action d’aménagement et de planification (Tatou, 2021 ; Leconte, 2021). Si la planification du corpus, celle du statut et de l’acquisition apparaissent comme des activités essentielles en vue de promouvoir l’usage des langues et cultures africaines dans les domaines de l’éducation, de la formation et du travail, elles sont profondément liées à la problématique centrale du groupe de travail de l’OPA à l’initiative de ce colloque, le GT « Politiques et imaginaires linguistiques ». Cette problématique s’élabore autour de l’urgence de nourrir chez les locuteurs des représentations linguistiques positives, étant donné la relation de cause à effet entre des représentations dysphoriques et la difficulté de mettre en place des politiques linguistiques efficientes et pérennes.
C’est dans cette perspective que l’OPA s’est assigné la mission de contribuer à la conception, à l’implémentation et à l’évaluation de politiques publiques biplurilingues. De manière plus spécifique, l’OPA engage, par ce colloque, une réflexion sur les usages fonctionnels et les représentations des langues africaines en relation avec les problématiques de l’éducation, de la formation, de l’employabilité et de l’entrepreneuriat, capitales dans la conjoncture économique actuelle.
Ce colloque propose 4 axes d’étude :
Axe 1 : Contribution à l’épistémologie des sciences du langage
Historicité des théories linguistiques et conceptions épistémologiques. Fondements et enjeux de la linguistique pour le développement. Politologie linguistique. Comparaison interculturelle des théories linguistiques. Pluridisciplinarité et interdisciplinarité. Méthodologie de la recherche. Implication citoyenne et responsabilité du chercheur. Science ouverte. Lien recherche/société.
Axe 2 : Politiques linguistiques publiques
État des lieux des politiques publiques et des pratiques dans les domaines concernés (éducation, formation professionnelle, marché de l’emploi). Législation linguistique et orientations. Politiques de valorisation des langues africaines et du plurilinguisme. Imaginaires linguistiques. Adhésion et résistance des populations. Responsabilité sociale des États, des universités, des centres de formation, des entreprises.
Axe 3. Formation professionnelle, marché de l’emploi et langues africaines
Cartographie des métiers et des formations en lien avec la pratique de langues africaines. Langues africaines et les métiers du numérique. Employabilité et maîtrise des langues africaines. Pratiques langagières au travail. (In)sécurité linguistique. Contextualisation des offres d’emploi, des référentiels de compétences professionnelles, des dispositifs de formation dans divers domaines (administration, santé, culture, justice, agriculture, commerce, médias, éducation, environnement, etc.).
Axe 4. Ingénierie de formation linguistique dans divers domaines professionnels
Analyse des besoins de formation en langues africaines. Littératie fonctionnelle en lien avec le marché de l’emploi. Référentiel de compétences linguistiques. Ingénierie, dispositifs et pratiques de formation linguistique. Didactique des langues africaines sur objectifs spécifiques (langues de spécialité). Matériels et ressources pédagogiques. Ajustements/créations terminologiques monolingues ou plurilingues : physiques ou numériques.
NB. Les orientations par axe sont indicatives.
Modalités de communication
Les communications pourront s’adosser à des recherches fondamentales et recherches d’intervention, à des cas pratiques, à des retours d’expérience. Les contributeurs s’intéresseront aux axes prioritaires du colloque sans toutefois s’y limiter, dans la mesure de la capacité de leur projet de communication ou d’atelier à éclairer les situations africaines dans les domaines concernés ou à en soutenir la dynamique.
Les propositions s’inséreront dans l’un des axes du Colloque et pourront prendre différentes formes :
- Communication individuelle : 30 min : communication de 20 minutes + 10 minutes de discussion
- Table-ronde : 90 min : proposition de 3-5 personnes sur une thématique.
- Atelier collaboratif : 120 min : les ateliers pourront être thématiques (Cf. les axes définis) ou à visée méthodologique (méthodologie de la recherche ou autre).
Les auteurs d’un atelier collaboratif proposeront aux participants de développer une expérience concrète
(projet de guide méthodologique, de mémento technique plurilingue, de révision d’un cursus de
formation professionnelle, de séquence pédagogique, d’aménagement d’un texte réglementaire, etc.) dont un premier feedback sera diffusé pendant le colloque et qui pourra se prolonger par la suite.
Les langues de communication du colloque sont le français et l’anglais.
Modalités de soumission des propositions
Les propositions sont individuelles ou collectives. Les communications pourront être proposées par des chercheurs, doctorants, post-doctorants, acteurs associatifs et professionnels impliqués dans la thématique du colloque, acteurs institutionnels des politiques linguistiques.
Les propositions pluridisciplinaires ou impliquant à la fois des chercheurs et des acteurs de terrain, institutionnels et/ou de la société civile seront bienvenues.
Les propositions sont à envoyer simultanément aux trois destinations suivantes :
et en ligne sur https://colloque-opa-2023.sciencesconf.org
avant le 15 mai 2023 à minuit.
Un fichier PDF doit accompagner chaque proposition. Il contiendra :
- le nom du ou des intervenants et le cas échéant l’affiliation scientifique ou professionnelle
- une adresse email
- Une mini-biographie du ou des intervenants (150 mots maximum)
- la forme de la proposition (conférence, table-ronde, atelier collaboratif)
- l’axe thématique dans lequel s’inscrit la proposition
- le titre de la proposition
- 5 mots-clés
- un résumé de 300 à 500 mots indiquant explicitement l’enjeu de la proposition, la problématique, le cadre théorique, la méthodologie, les principaux résultats et les éléments de discussion.
pour les propositions d’acteurs institutionnels, professionnels, de la société civile sont attendus : l’enjeu de la proposition, les questionnements, les objectifs, les articulations de la proposition, les éléments de discussion
pour les ateliers collaboratifs sont attendus : l’enjeu de la proposition, la problématique, le cadre théorique, la méthodologie, les éléments de discussion, mais aussi la définition du public cible, l’organisation du feedback et les perspectives post colloque.
- une bibliographie comportant 5 références au maximum
Les propositions feront l'objet d'une évaluation en double aveugle par le comité scientifique.
Calendrier
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15 mai 2023 minuit : date limite d’envoi des propositions
- 17 juillet 2023 : réponse du Comité scientifique
- 02 octobre 2023 : ouverture des inscriptions
- 4 décembre 2023 : fermeture des inscriptions
- 13-14-15 décembre 2023 : tenue du colloque
A l’issue du colloque, une sélection d’articles donnera lieu à la publication d’un ouvrage aux Presses de l’observatoire du plurilinguisme africain (POPA). À cette phase, des résumés trilingues français - langue africaine – anglais seront requis.
Informations pratiques
- Lieu : Université de Dschang, Cameroun
- L’inscription au colloque est obligatoire pour tous les communicants ainsi que pour toute personne désirant se rendre au colloque. L’inscription inclut l’accès au colloque, les pausescafé et les repas du midi. Elle n’inclut pas l’hébergement. Des frais additionnels pourront être requis pour les activités optionnelles (dîner, visites...).
- Montant des frais d’inscription :
- Enseignants chercheurs et chercheurs : 50.000 FCFA (80 euros)
- Enseignants chercheurs et chercheurs membres de l’OPA : 35.000 FCFA (55 euros) - Doctorants : 25.000 FCFA (40 euros)
Retrouvez toutes les informations pratiques sur le site du colloque : https://colloque-opa2023.sciencesconf.org
Pour toutes questions, veuillez nous écrire aux adresses mail susmentionnées.
Responsabilité du colloque
TATOU MÉTANGMO Léonie, Université de Ngaoundéré. Cameroun
Comité d'organisation
- DAOUAGA Samari Gilbert, Université de Ngaoundéré. Cameroun
- KAMWE MOUAFFO Marie-Colette, Université de Ngaoundéré.
- KOUESSO Jean Romain, Université de Dschang. Cameroun
- KOUOSSEU Jules, Université de Dschang. Cameroun
- LECONTE Amélie, Aix-Marseille Université. France
- MAIGA Mairama Mahamane, Université Gaston Berger. Sénégal
- MAKEMLETIA DEMAZE Gertrude, Université de Dschang. Cameroun
- MOHAMADOU Ousmanou, Université de Maroua. Cameroun
- MOKAM David, Université de Ngaoundéré. Cameroun
- MOUZOU Palakyém Stephen, Université de Kara. Togo
- PESSETVE Jean Calvin, Université de Dschang
- POKAM KAMDEM William, Université de Dschang. Cameroun
- PRAX-DUBOIS Pascale, Université Paris 8. France
- SOW Ndiémé, Université Assane Seck de Ziguinchor. Sénégal
Comité scientifique
- ASSOUMOU Jules, Université de Garoua. Cameroun
- AUZANNEAU Michelle, Université de Paris. France
- BAÏMADA GIGLA François, Université de Maroua. Cameroun
- CALAÏNA Théophile, Université de Ngaoundéré. Cameroun
- DIAGNE Mbacke, Université Cheikh Anta Diop - CLAD. Sénégal
- DI CARLO, Pier Paolo, Université de Buffalo, USA
- DIKI-KIDIRI Marcel, CNRS. France
- FAYE Babacar, Université Cheikh Anta Diop - CLAD. Sénégal
- FRATH Pierre, Université Reims Champagne Ardennes. France
- HAMADOU BOUKAR, Université de Ngaoundéré. Cameroun
- KOUESSO Jean-Romain, Université de Dschang. Cameroun
- JIOKAP NONO Yvette, Université de Ngaoundéré. Cameroun
- LECONTE Amélie, Aix-Marseille, Université. France
- MAÏRAMA Rosalie, ENS - Université de Maroua. Cameroun
- MBA Gabriel, Université de Yaoundé 1. Cameroun
- MOLINIÉ Muriel, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3. France
- NDINDA Joseph, Université de Ngaoundéré. Cameroun
- PRAX-DUBOIS Pascale, Université Paris 8. France
- RABATEL Alain, Université Claude Bernard Lyon 1. France
- ROUGÉ Jean-Louis, Université d'Orléans. France
- SAMBOU Aly, Université Gaston Berger. Sénégal
- SOW Ndiémé, Université Assane Seck de Ziguinchor. Sénégal
- SOME K. Pascal, Université de Paris. France
- TATOU METANGMO Léonie, Université de Ngaoundéré. Cameroun
- TONYE Joseph Alphonse, Université de Yaoundé 1. Cameroun
- TOURNEUX Henry, CNRS. France
- TSOFACK Jean-Benoît, Université de Dschang. Cameroun
- WERE Vincent, Kenyatta University. Kenya
- ZOUOGBO Jean-Philippe, Université de Paris. France
Notes
[1] Selon la terminologie en vigueur à l’époque.
[2] Notons bien que “470 millions d’emplois par an seront nécessaires dans le monde pour les nouveaux venus sur le marché du travail entre 2016 et 2030”. https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/economic-growth/